Isaac Volcy : Un poète perché sur son arbre



Paru dans Le National du 12 juillet 2018
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L’Arbre Oratoire est le titre du deuxième recueil de poèmes d’Isaac Volcy. L’arbre évoque à la fois femme, mère, et patrie, et fait penser à la métaphore de « potomitan » pour désigner la femme/mère au foyer. L’arbre avec ses racines dans la terre et ses cheveux dans le ciel. Ses racines  profondes et nombreuses, desquelles naissent des guerriers de l’indépendance. Ses cheveux dans le ciel, porteurs d’espoir pour les peuples en quête de liberté, de la Petite Venise à la Bolivie, de Savannah à l’État d’Israël.

Oratoire, un adjectif dans le sens d’éloquence, de prise de parole, mais aussi un substantif à connotation religieuse, renforcée d’ailleurs par l’auteur: « Si dans la culture judéo-chrétienne/deux arbres symboliques ont grandi/au jardin d’Eden/L’Arbre de la Connaissance/et l’Arbre de vie/L’Arbre Oratoire en est un autre/placé au centre du monde/et qui fait naitre le logos » (Page 10).

L’arbre jadis sève de liberté et d’épanouissement, mais qui contemple désormais « le black-out de l’avenir de [s]es enfants désenchantés. » Le passé illustre n’a pas engendré les fruits attendus. Même les noms des villes se vident de leur sens: « les ports sont vides/point de paix/point de salut/point de Prince. » (Page 31). Constat d’échec collectif. Il nous faut un sursaut, un réveil pour ne pas continuer à nous enliser dans « l’amas chaotique des assistances mortelles. » Mais malgré tout, l’espoir gît encore sous les cendres de nos désastres : « Toujours est-il/la terre vivante d’Haïti/pondra les étoiles/de sa destinée ». (Page 56).

Perché sur son arbre oratoire, « la source océanique de [s]on inspiration », Isaac Volcy chante l’épopée de sa patrie et pleure sur ses rêves gâchés. Il célèbre aussi sa femme : « O femme mère épouse amante/trinité de bonté d’amour et de beauté/je suis toujours assoiffé/de tes seins ronds aux mamelons pointus. » (Page 46). Qu’il chante sa patrie ou sa femme, ses accents démontrent une générosité débordante dans le partage des émotions. Les phrases longues, qu’il découpe en vers, expriment clairement ses sentiments, malgré le refus de la ponctuation.

A son lyrisme débordant, Isaac Volcy a besoin d’allier un peu plus de finesse dans le dire. L’Arbre Oratoire étant tout juste son deuxième recueil de poèmes, il a tout le temps pour peaufiner son style, et se creuser ainsi une place d’honneur parmi les poètes de sa génération.

Mario Malivert
mariomalivert@yahoo.com

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