Poésie du bois de vie

Par Mario Malivert

Paru dans Le Nouvelliste du 9 mai 2013
http://www.lenouvelliste.com/article4.php?newsid=116490

Ce qui frappe d’abord l’attention dans Gaïac de Joël Des Rosiers, c’est la luminosité du dire. Les mots s’entrelacent, s’ouvrent et se découvrent, comme dans un carrousel. Ils deviennent porteurs de sons et de lumière, comme dans le vers «sans celui qui pleure à son pertuis» ou «charançons copulant à l’abri des folioles». Les rimes intérieures abondent : «l’image n’est pas faite pour être vue/ou alors dans la délectation secrète/recouverte du voile de l’absence ». Les vers se livrent à nu, désencombrés des signes de ponctuation. Les images surprennent, comme dans «la beauté du portrait sans visage désormais livrée». Les séquences de vers coulent sur la langue comme une cuillerée de miel: « ce que seront nos remous/avant que les corps se meuvent/en une chute bancale et bouleversante ». Des termes médicaux jalonnent le dire : diaphyse, chéloïde, nécrose, arythmie, etc., comme pour nous rappeler l’autre amour du poète.