Les petites ombres de Jean Euphèle Milcé

Par Mario Malivert


« Mauvaise idée de dépouille », la première phrase du roman Mes chères petites ombres de Jean Euphèle Milcé, s’accorde bien avec la photo de la page de couverture (Pouvoir, sculpture de Sébastien Jean)—ramassis d’objets éclectiques supportant et encadrant la tête d’un homme, le tout sur fond de feuillage sombre. Mais cette «idée tenace de dépouille » se dilue vite dans le cliquetis des mots et des tournures. En fait, le premier paragraphe se termine sur une plainte du narrateur qui se voit tel un « entre-deux pays, entre-deux couleurs et entre-deux douleurs. » Cette dualité imprègne le monologue alternatif d’un père et de son fils, du père surtout, écartelé entre Haïti d’un côté et la Suisse, de l’autre.