Charlot Lucien, dans nos murs, pour célébrer la lodyans


Paru dans Le Nouvelliste du 23 avril 2018
https://lenouvelliste.com/article/186446/charlot-lucien-dans-nos-murs-pour-celebrer-la-lodyans

Le vendredi 20 mars 2018, dans la cour arrière de la Bibliothèque Michèle Tardieu de Pétion-ville, récemment inaugurée par le député Jerry Tardieu, Charlot Lucien accueille une quarantaine d’amis et de supporters pour présenter ses CDs et livres et pour interpréter quelques de ses lodyans.

Cette rencontre n’était pas une simple vente-signature, c’était surtout l’occasion d’honorer la lodyans, un genre d’oraliture prisé par Maurice Sixto (1919 – 1984) et Jean-Claude Martineau (Koralen), et que Charlot Lucien à travers ses multiples CDs (cinq déjà à son actif) a maintenu en vie pendant ces vingt dernières années.

Il fut un temps à Port-au-Prince et dans les villes de province où les stations de radio diffusaient couramment et même en boucle des lodyans de Sixto et de Martineau. Qui ne connaissait pas Ti Saintannise ou Maitre Zabelbok Berachat ? Des merengues carnavalesques ont même été inspirées par les lodyans de Sixto (par exemple Aie...Mr. Robert de Bossa Combo).

Mais de nos jours, les stations de radio ne diffusent que rarement des lodyans, malgré les sorties régulières de Charlot Lucien, malgré les appels aux directeurs de station de radio de réintroduire les lodyans dans leur programme, rien n’a été fait. Les temps ont changé, diraient-ils. Comme si les Haïtiens ont cessé d’écouter des histoires. Comme si les jeunes et moins jeunes ont cessé de raffoler des feuilletons radiophoniques et télévisuels. Comme si les histoires postées sur les réseaux sociaux n’intéressent plus personne.

La soirée débute à 6 :45 PM, par le biais de Claude Bernard Célestin, le MC de la rencontre. Puis le professeur Ethson Otilien prend la parole pour exprimer des mots de circonstance, dont la différence entre conte et lodyans. Selon lui, le conte a un temps perdu, qui s’annonce par la formule Krik Krak, alors que la lodyans a un temps précis et découle le plus souvent d’une histoire vraie. Ce que Charlot va confirmer plus tard en précisant que certains personnages de ses lodyans vivent encore aujourd’hui en Haïti ou à l’étranger.

Charlot Lucien était à l’honneur, certes, mais Sixto aussi a eu quelques minutes d’hommage grâce à la brillante interprétation par Dr. Ludovic Comeau Jr. de la lodyans satirique, La petite veste de galerie de papa.

Après une courte séance de vente-signature où les participants défilent pour se procurer des livres et CDs de Charlot, un panel constitué de Charlot Lucien, d’Antoine Larocque, étudiant en maitrise à l’Université de Montréal, du Dr. Ludovic Comeau Jr., et d’Ethson Otilien comme modérateur, ouvre la troisième partie de la soirée. Charlot Lucien y parle en outre de l’essor du conte à la Nouvelle Angleterre, où il vit et fait partie d’un réseau de conteurs, et où il développe des contes et devinettes à caractère didactique, en collaboration avec ses enfants, Sébastien et Malaika Lucien.

Finalement, la soirée se termine avec l’interprétation de Ti Oma, le titre principal du premier CD de Charlot Lucien. L’audience non seulement déguste la lodyans qui a lancé la carrière de Charlot Lucien, mais se laisse charmer par le bruit de la ville au dehors et une odeur alléchante de fritures.

Mario Malivert
mariomalivert@yahoo.com

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