Prix littéraires de la DNL non octroyés pour l’année 2017

Publié dans Le Nouvelliste



La Direction Nationale du Livre (DNL), par le biais d’un communiqué daté du 18 janvier 2018, informe le public que le Prix René Philoctète de la Poésie et le Prix Jacques Stephen Alexis du Roman ne seront pas décernés pour l’année 2017, car « aucun des manuscrits soumis n’a retenu l’attention des jurés. » La DNL a lancé le Prix René Philoctète en 2015 et le Prix Jacques Stephen Alexis en 2016. Ricardo Hyppolite a remporté le Prix René Philoctète, en 2015, avec son recueil « Kalonnen » et Jean Damérique a obtenu la mention spéciale avec « Petite Fleur du Ghetto », et en 2016 Coutechève Lavoie Aupont l’a gagné pour son recueil « Le doute de la main ». Le Prix Jacques Stephen Alexis n’a pas été décerné ni en 2016, l’année de son lancement, ni en 2017.

Une dizaine de prix littéraires existent en Haïti, et la plupart ne sollicitent que des manuscrits. Deux exceptions à souligner, parmi d’autres, le Gran Pri Pwezi Kreyòl Dominique Batraville (décerné en 2017 à Fred-Edson Lafortune pour son recueil de poèmes « An n’al Lazil » et la mention spéciale à Max Gregory Saint-Fleur pour « Kou siprann ») et le Prix Joseph D. Charles de la Bibliothèque Georges Castera du Limbé (décerné en 2017 à Pierre Josué Agénor Cadet pour son roman « Dans l’enfer du paradis »).


Les prix qui n’acceptent que des manuscrits se donnent la mission de promouvoir les jeunes talents. La DNL, par exemple, affirme qu’avec le Prix Jacques Stephen Alexis du Roman, elle «vise à récompenser une plume émergente dans le domaine de la création romanesque. » L’idée serait donc de découvrir des jeunes talents, dont certains auront du mal à se faire publier par les maisons d’édition. Mais quand on considère l’explosion de recueils de poèmes et de romans publiés par des jeunes auteurs chaque année à Livres en folie, ce raisonnement ne tient pas debout. Les jeunes publient leurs œuvres, et la plupart d’entre eux à compte d’auteur.

Un manuscrit est le plus souvent la première version d’une œuvre, qu’on soumet à une maison d’édition, non seulement pour être publiée mais aussi et surtout pour être éditée. Même les manuscrits des auteurs établis sont entachés de fautes typographiques et de grammaire. Donc un prix littéraire qui sollicite uniquement des manuscrits doit s’attendre à recevoir des œuvres en voie de construction, qui ne sont souvent lues que par l’auteur, et qui par conséquent nécessitent un travail considérable d’édition.

Malgré la perception de partis-pris et d’opacité chez certains responsables de prix littéraires, il reste certain que les prix jouent un rôle important dans la promotion du livre et servent à propulser des auteurs émergents au devant de la scène littéraire. Donc, quand un organisme, dont la mission est de promouvoir le livre dans un pays, sollicite des soumissions de jeunes auteurs et décident finalement de ne pas octroyer les prix, c’est un faux pas lamentable qu’il faut à l’avenir éviter. Et quand cela se produit deux années de suite, comme pour le Prix Jacques Stephen Alexis du Roman, il faut penser à adopter des mesures correctionnelles drastiques. L’une d’entre elles, pour s’assurer de recevoir des soumissions de bonne facture et éviter les années de passage à vide, c’est de considérer ou même solliciter des ouvrages déjà publiés.

Mario Malivert
mariomalivert@yahoo.com

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