Après Haïti J’accuse, son premier livre publié en 2012, Frantz Jean
Baptiste nous revient en 2013 avec La
Diaspora : Enjeux et Débats, une analyse approfondie de la diaspora
haïtienne. Pour vous faire une idée de ce livre, nous vous en présentons ci-dessous la
préface.
PREFACE
La Diaspora : Enjeux et Débats
Par
Mario Malivert
Pour
sortir du bourbier où il s’est enlisé, Haïti a besoin de tous ses enfants,
qu’ils vivent à l’intérieur ou à l’extérieur du pays. Ceux vivant à l’extérieur
du pays, tant dans les vallées des Antilles que dans les monts des métropoles
du nord, représentent ce qu’on appelle la Diaspora haïtienne. Cette entité, qui
s’est constituée d’elle-même, à partir des années 1960, face à l’intransigeance
de la dictature des Duvalier, sans préparation aucune ni d’Haïti ni des pays d’accueil,
jouit depuis quelques années une notoriété bien justifiée, allant jusqu'à obtenir
pour la première fois, en 1994, son propre ministère : le Ministère des
Haïtiens Vivant à l’Etranger, MHAVE.
Ce dernier accomplissement a laissé croire que l’intégration des membres de la Diaspora dans les affaires du pays allait s’accélérer. Cependant, quelques quinze ans plus tard, cette intégration reste tout simplement un pur souhait, en dépit de l’énoncé figurant sur la page Internet du MHAVE qui stipule que ledit ministère « a pour mission de promouvoir un cadre socioéconomique intégré du développement pour Haïti avec l’aide de tous ses fils et filles sans exception ». En réalité, la Diaspora reste encore pour certains une vache à lait, et pour d’autres, notamment les politiciens, une peste qu’il faut à tout prix garder éloignée. Riche en compétences et en expertise novatrice, elle constitue sans nul doute l’atout majeur, mais en grande partie non-exploité, dont Haïti pourrait se servir pour embrasser la voie du développement. Cette Diaspora, incomprise par certains et méprisée par d’autres, mérite de faire l’objet d’un zoom, d’une analyse minutieuse et d’une lecture approfondie.
Ce dernier accomplissement a laissé croire que l’intégration des membres de la Diaspora dans les affaires du pays allait s’accélérer. Cependant, quelques quinze ans plus tard, cette intégration reste tout simplement un pur souhait, en dépit de l’énoncé figurant sur la page Internet du MHAVE qui stipule que ledit ministère « a pour mission de promouvoir un cadre socioéconomique intégré du développement pour Haïti avec l’aide de tous ses fils et filles sans exception ». En réalité, la Diaspora reste encore pour certains une vache à lait, et pour d’autres, notamment les politiciens, une peste qu’il faut à tout prix garder éloignée. Riche en compétences et en expertise novatrice, elle constitue sans nul doute l’atout majeur, mais en grande partie non-exploité, dont Haïti pourrait se servir pour embrasser la voie du développement. Cette Diaspora, incomprise par certains et méprisée par d’autres, mérite de faire l’objet d’un zoom, d’une analyse minutieuse et d’une lecture approfondie.
Avec ce livre, La Diaspora : Enjeux et Débats, Frantz Jean-Baptiste a répondu à
l’appel. L’auteur de Haïti J’accuse ne s’est pas reposé sur ses lauriers.
Un an à peine après le succès fou de son premier livre, il revient avec un
autre, où il traite cette fois-ci d’un sujet plus restreint, mais combien
pertinent et d’actualité. On dirait bien que Frantz Jean Baptiste a vécu pour
écrire ce livre. Membre de la Diaspora depuis trente ans, l’auteur en offre un
regard qui vient du dedans, du sein même de cette entité. Il a obtenu ses
lettres de noblesse, d’abord en France, dans les années 80, jusque vers le
début des années 2000, puis aux Etats Unis jusqu'à ce jour. Son séjour dans ces
deux pôles importants de la Diaspora (Europe et Amérique) confère une authenticité
palpable à ses idées.
En France, il a fondé le magazine
Diafrorama qui, en peu de temps est
devenu l’une des principales références des communautés noires francophones.
Son engagement dans le tumulte des aléas médiatiques palpite dans les pages de
son présent livre. Il a aussi gravi, en France, les échelons de l’enseignement
supérieur en décrochant des diplômes de droit, des sciences politique et des
relations internationales. Grâce à sa formation de juriste, il a pu contribuer
ces dernières années aux grands débats sur la Constitution, la définition de
l’État et de la nation, les enjeux de la mondialisation, l’impact de la
communauté internationale, etc. Certaines de ses idées jalonnent les pages de Haïti J’accuse, de nouvelles s’offrent
dans La Diaspora : Enjeux et Débats, pour une compréhension en profondeur
de la Diaspora haïtienne.
Aux Etats-Unis, Frantz Jean
Baptiste a dû affronter le choc du langage, tout comme la plupart de ses
compatriotes, et le défi d’un marché du travail hostile aux diplômés de
l’extérieur. Cependant, cette froide réception n’atténue pas son élan
communautaire. Très vite, il met ses talents au service des communautés
chrétiennes du Massachusetts. Il a ainsi pu comprendre le rôle d’ancrage que
joue l’église dans les communautés haïtiennes de la Diaspora. Il a aussi
observé les challenges auxquels est confrontée l’Église pour satisfaire les
aspirations de ses jeunes membres anglophones et stopper leur ruée vers les
églises américaines, particulièrement au cours de leurs années universitaires.
Les chapitres de son livre sur les églises haïtiennes dans la Diaspora touchent
avec une candeur remarquable des points délicats que les leaders chrétiens hésitent
à aborder, mais qu’ils doivent bien prendre en compte, s’ils veulent pérenniser
la place de l’Église haïtienne locale dans le concert des communautés
chrétiennes.
Son engagement social s’étend aux
organisations communautaires, particulièrement Echo Evangélique, à Boston. S’en
suit une période fertile en production artistique et littéraire, dont découlent
des productions théâtrales de grande envergure et une présence constante dans
les débats juridiques et politiques du moment. Avec ce foisonnement artistique
qui lui rappelle les années florissantes de Diafrorama,
Frantz Jean Baptiste va redécouvrir ses velléités d’éclaireur, de directeur
d’opinion, et d’intellectuel engagé. « On n'allume point une lampe pour la
mettre sous un boisseau, mais on
la met sur un chandelier, et elle éclaire tous ceux qui sont dans la maison. »
Matthieu 5 :15. La lampe de Frantz Jean-Baptiste est bien allumée, et La Diaspora : Enjeux et Débats en est l’un de ses récents faisceaux.
Avec ce livre, Frantz Jean
Baptiste évoque, entre autres, les challenges familiaux et intergénérationnels
qui secouent la Diaspora haïtienne. Ayant joint la Diaspora très tôt, en fin
d’adolescence, la tête pleine d’idées et de rêves, il peut comprendre les défis
auxquels sont confrontés les adolescents d’origine haïtienne, qui sont pris en
quelque sorte entre deux cultures. Il peut aussi comprendre les obstacles que
les adultes doivent surmonter pour se forger une vie décente dans la Diaspora. Dans
ces chapitres, le propos se fait urgent, le ton insistant, tant est pressant le
besoin d’harmonisation entre les parents haïtiens et leurs enfants nés dans la
Diaspora.
De par l’itinéraire de Frantz
Jean Baptiste dans la Diaspora haïtienne, d’un côté à l’autre de l’Atlantique, La Diaspora : Enjeux et Débats n’est
pas écrit comme un essai distant et mécanique, mais plutôt comme une œuvre
truffée d’épanchements, que seuls peuvent produire un vécu réel et un
engagement soutenu. Cependant, à l’ardeur émotionnelle, l’auteur ajoute la
rigueur d’une enquête, la justesse de graphiques éparpillés entre les textes,
et une démarche argumentative hautement scientifique. Ainsi, il a écrit ce livre
à la fois pour les membres de la Diaspora, qui peuvent s’y retrouver comme dans
une célébration, mais aussi pour les étudiants et chercheurs, qui veulent
cerner les multiples facettes de la Diaspora haïtienne. Il a aussi écrit ce
livre pour les élus de la nation haïtienne, particulièrement ceux qui voient
dans la Diaspora non pas une menace à leur survie, mais une main fraternelle
tendue, un rameau d’olivier qu’ils doivent saisir pour sortir Haïti de ce marasme économique et politique.
Mario
Malivert
mmalivert@repheka.org
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