Dans « Eclairs du désert »,
le second recueil de poèmes en date d’Edny Saint-Cyr, après « Haïti au
banc des accusés », paru en 2008, l’auteur touche à presque tout. Quelques-uns
des premiers poèmes parlent du désert, de sa chaleur et du sable:
La chaleur du désert
consume ma peau
mon teint enfile sa nouvelle jupe
Et le sable
ce sable qui s’étend à l’infini
(Chaleur du désert, p. 11)
Cependant, très vite, les poèmes
qui suivent abordent d’autres thèmes, en particulier l’amour, la mort, l’adieu,
etc. La poétesse laisse épancher son cœur, faisant du lecteur son confident. N’est-ce
pas là l’un des charmes de la poésie : l’opportunité de tout dire, sans détours
ni maquillage, d’exprimer ses amours et ses peurs, de partager ses rêves avec
le monde, et de célébrer l’être aimé ?
Dans ce recueil de poèmes, l’être
aimé est omniprésent, même et surtout dans le désert :
Je te cherche dans le roc
dans la poussière du désert
caressant distraitement ma terre
quand ta pluie la désaltère
(Un vide désertique, p. 12)
L’amour accapare la poétesse
et la pousse à crier « Je suis à toi/tout à toi » (p.31) ou « Tu
es ma raison/mon cœur/mon Dieu » (p. 32). Cependant, l’amour s’associe aussi
à l’adieu. Celui-ci prend des formes différentes, selon le cas. Dans le poème « Derniers
adieux », c’est un tendre adieu :
Je trésaille ce soir
à l’idée de te vomir
sans rancune ni querelles
un adieu tissé dans le plus pur bonheur
(p. 39)
Dans « Lettre d’adieu à
un ex-mari », c’est un adieu nostalgique :
Cher ex-mari
ce soir mon décor n’est que nostalgie
tes premières lettres d’amour éparpillées sur mes genoux
les souvenirs de tes baisers effleurent mon cou
je me revois encore dans tes bras
(p 40)
Tandis que dans « Chéri »,
l’adieu est « parfumé » de gratitude :
Merci de m’avoir appris à aimer
à souffrir
mais surtout à me relever
à me décider
car l’amour ne peut être à sens unique
(p. 43)
Edny Saint-Cyr adopte un langage
poétique, fait de mots évocateurs, musicaux, et des tournures de phrases imagées
et plaisantes. Le plus souvent, le style est simple, direct, surtout dans les poèmes
narratifs, tels « Le professeur » ou « Un rêve ».
L’itinéraire pour se faire
une œuvre poétique peut être long et ardu. Il faut ciseler les vers, en extirper
le surplus, et trouver le mot juste qui maintient la mélodie du phrasé. C’est ce qui manque dans
certains poèmes d’« Eclairs du désert ». Cependant, Edny Saint-Cyr a bien
du souffle poétique et atteindra à coup sûr le sommet de son art, si elle s’inspire
des fameux conseils de Boileau dans l’Art Poétique (1674) :
Hâtez-vous lentement, et sans
perdre courage,
Vingt fois sur le métier remettez
votre ouvrage,
Polissez-le sans cesse, et le
repolissez,
Ajoutez quelquefois, et souvent
effacez.
Edny Saint-Cyr. « Eclairs
du désert », Novembre 2010. Ed. Paroles. Montréal.
Mario Malivert
Février 2013
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