Paru dans Le Nouvelliste du 9 mai 2013
http://www.lenouvelliste.com/article4.php?newsid=116490
Ce
qui frappe d’abord l’attention dans Gaïac de Joël Des Rosiers, c’est la luminosité
du dire. Les mots s’entrelacent, s’ouvrent et se découvrent, comme dans un carrousel.
Ils deviennent porteurs de sons et de lumière, comme dans le vers «sans celui
qui pleure à son pertuis» ou «charançons copulant à l’abri des folioles». Les
rimes intérieures abondent : «l’image n’est pas faite pour être vue/ou
alors dans la délectation secrète/recouverte du voile de l’absence ». Les
vers se livrent à nu, désencombrés des signes de ponctuation. Les images
surprennent, comme dans «la beauté du portrait sans visage désormais livrée».
Les séquences de vers coulent sur la langue comme une cuillerée de miel:
« ce que seront nos remous/avant que les corps se meuvent/en une chute
bancale et bouleversante ». Des termes médicaux jalonnent le dire :
diaphyse, chéloïde, nécrose, arythmie, etc., comme pour nous rappeler l’autre
amour du poète.